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À propos

Extrait du Télégramme 02.09.18

 

« Chaque évidence déconstruite agrandit le monde ».

 

 

Tout a commencé par hasard, un ami fait découvrir à Thomas Godin la technique d’impression de la gravure. « Un art qui relève de l’alchimie », découvre t-il. Après avoir réalisé son premier tirage, il a une « révélation ». Sa vie ne l’épanouit plus. « J’ai pris conscience que j’avais besoin de créer pour être heureux ». Ses envies de voyages se concentrent et s’exprimeront avec cet art qu’il vit comme « un voyage intérieur ». « La gravure me fait plonger dans un état méditatif, une concentration faite de mouvements lents, comme un ballet, au ralenti ». 

 

Pour lui chaque gravure est un paysage. Il reconnaît que la technique est souvent un peu obscure, « chacun sa cuisine ». C’est une alchimie subtile entre artisanat et chimie pour la partie technique, « des disciplines qui se répondent entre elles ». Il faut d’abord « détendre » le papier, trempé dans l’eau. « Les fibres de coton se gorgent d’eau pour que le papier, sous la presse, devienne "amoureux" de la plaque et cherche les traces d’encre dans les moindres sillons. Une gravure c’est une image miroir qui se construit avec les morsures de l’acide ».

Tout à son travail, il prend son encre de taille douce diluée à l’huile de lin qu’il frotte sur une plaque en zinc gravée. Avec un outil de son invention, il l’étale pour faire apparaître les stries. 

« C’est un jeu d’ombre et de lumière. à travers le brouillard, la plaque apparaît. Plus j’essuie, plus je trouve la lumière ». Il paume sa main d’une craie blanche, le blanc de Meudon, et caresse la plaque. Puis, il enclenche une presse mécanique, « j’en ai presque honte d’être passé à l’électrique, mais avant elle était manuelle, un tour de manivelle pour 1 cm de déplacement sur un plateau d’1,50 m, c’était infernal ! ». Les mains noires, il découvre sa nouvelle impression. « à chaque fois, c’est une sensation de joie ineffable. Une strate supplémentaire à la beauté du monde ». Même s’il reconnaît que pour lui c’est très souvent raté, il ne garde que le meilleur et détruit le reste ne correspondant par à sa vision première!

 

« Mon imagination s’est encore plus ouverte avec le breton, sa poésie, ses couleurs imagées. Chaque mot nouveau m’ouvre un horizon. Quand je suis dans mon atelier, je vis dans cette langue merveilleuse qu’est le breton. Elle me permet d’exprimer la terre, la mer, la nature dont elle est très proche ».

Professeur, il enseigne aussi la gravure en breton, même s’il est de moins en moins disponible pour transmettre. Ses gravures se nomment « Beaj », Voyage, « Diskar Amzer », l’automne, le temps de la chute, ou « Peñsead an oabl », naufragé du ciel. 

Avisé, Thomas Godin participe, dès la première année aux prix d’art contemporain, de Landivisiau et Brest qu’il remporte tous deux à l'unanimité, ainsi que le 1er prix d’un mécène australien qui lui ouvrent, en novembre 2018, une exposition personnelle. Ces prix l’encouragent et le font connaître auprès de galeries. Ils lui donnent confiance pour envoyer au Japon, pays maître en matière d’estampes, des gravures qui seront exposées à Tokyo, Kyoto et Osaka.

Pour sa participation au parisien prix de Saint Pierre les Nemours, il met toutes ses économies dans le trajet, accroche ses gravures "encadrées avec les moyens du bord" « avec du raffia dans le dos », débarque comme un vrai « provincial » , "mot que j’abhorre", et rafle le prix d’art contemporain. Lorsqu’il est contacté par la fondation William Blake pour exposer aux cotés d’œuvres de Picasso, Miro et Kandinsky, le rêve inaccessible du jeune Saint Politain se cristalise.

 

 

« L’inatendu, c’est le retour au réel »

De Pierre-Emmanuel Taittinger à l’Unesco en passant par les Philippines.

Alors que Thomas Godin travaille dans son atelier en préparation d’une exposition personnelle à Cebu City, aux Philippines, un homme élégant venu sur conseil d’une amie passe la porte. Il achète des gravures, discute. Convaincu par le travail de Thomas Godin, Pierre-Emmanuel Taittinger, homme d’affaires responsable des champagnes Taittinger, invite l’artiste à visiter ses terres, à Reims. C’est une rencontre pétillante pour Thomas Godin avec cette famille mécène, impliquée dans l’art et ayant auparavant travaillé avec des artites comme Zao Wou-Ki ou encore Hartung. « Le champagne c’est la transmission, la fête, le plaisir, la terre ! », se réjouit l’artiste. Pierre-Emmanuel Taittinger, « homme agréable et très ouvert »  propose au jeune graveur une première collaboration. La région Champagne vient d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco, et il lui commande une œuvre autour du thème de la réconciliation. Thomas Godin grave une parcelle champenoise vue du ciel, des sillons rouges torturés, une nature bleue et jaune qui « reprend ses droits sans oublier les stigmates du passé ». L’œuvre, aujourd’hui à l’Unesco, plaît et Thomas Godin est prêt pour les prochaines collaborations qui sauront « lui parler et le toucher » ; moteur élémentaire pour un cœur d’artiste qui veut d’abord transmettre des émotions.

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